Pourquoi je suis Vert

Mon grand-père n’a terminé que sa sixième année, et il était l’une des personnes les plus brillantes que j’aie jamais rencontrées. Dans notre famille, faire en sorte que Papa, comme nous l’appelions, termine sa sixième année était toujours l’histoire d’un succès — une histoire à célébrer.
Mes grands-parents s’occupaient d’une petite ferme prospère, et ils faisaient entièrement partie de leur communauté, comme plusieurs d’entre nous, encore aujourd’hui. Ils m’ont enseigné que le dynamisme et la résilience d’une communauté sont les qualités essentielles pour la qualité de vie — et que vous devez traiter la terre avec attention et respect, de la même façon que vous traitez vos voisins, si vous souhaitez vivre une vie généreuse.
Chez les Verts, j’ai trouvé un parti politique qui apprécie bien ces concepts. Nous devons gérer notre société et notre économie de la même façon pour que la prospérité soit partagée et durable.
Être vert signifie croire à la capacité des collectivités à créer des changements pour le mieux. Cela signifie libérer la sagesse et l’ingénuité locale pour s’occuper des défis auxquels nous devons faire face. Pour ce faire, le bienêtre de la collectivité doit toujours avoir la priorité sur les intérêts des entreprises.
D’un point de vue pratique, cela veut dire déplacer les centres de décision concernant les soins de santé, l’éducation, l’exploitation et la gestion des ressources à l’échelle locale. Pour ce faire, cela signifie mobiliser la créativité et l’engagement local, et cela exige des organisations efficaces fondées dans les collectivités. Et cela exige aussi que l’administration provinciale doive appuyer les collectivités en leur fournissant les appuis et les ressources dont elles ont besoin pour prospérer.
Les vieux partis nous ont entrainés dans la direction opposée avec leur approche uniforme de centralisation pour les soins de santé et d’éducation et avec la corporisation des maisons de santé et des soins de santé à domicile.
La prise de décision concernant la gestion des ressources signifie relier les ressources locales avec les économies locales, comme les ressources forestières sur les terres de la Couronne. Pouvez-vous imaginer les homards piégés par une société et expédiés pour transformation ? Ce serait la fin de nos communautés de pêcheurs, mais c’est précisément ce que nous faisons en foresterie et qui a ébranlé nos collectivités forestières. Les collectivités locales doivent pouvoir s’exprimer sur la gestion des ressources forestières locales, si l’on veut créer du travail important pour les populations locales. Et cela doit être entrepris d’une façon à engager et à respecter les collectivités autochtones.
Pour être capable de se concentrer sur les moyens locaux, il faut deux choses. L’administration provinciale doit se considérer comme un collaborateur avec la population et non pas comme le patron de tous. Et elle doit nous appuyer lorsque nous faisons face à des moments difficiles à cause de notre santé ou de notre situation financière. L’administration ne nous offre ni l’un ni l’autre.
Les Libéraux et les Conservateurs ont été capturés par les intérêts d’une minorité, corporative ou politique, depuis tellement longtemps qu’ils trouvent presque impossible d’agir dans les intérêts du plus grand nombre.
Et c’est pourquoi les administrations successives ont graduellement dégradé la qualité de nos services essentiels que ce soit en santé ou en entretien des routes. Et c’est pourquoi nous restons avec la question : qui bénéficie de la gestion de la province.
Nous habitons une petite province, et nous devons tirer avantage d’être petit. Après tout, « small is beautiful », pourvu que nous trouvions une place pour tous dans nos collectivités, et que nous réfléchissions à long terme — vivre selon nos moyens financiers et écologiques. Et le tout commence ici, chez nous. L’idée que la délivrance du Nouveau-Brunswick parviendra d’ailleurs doit être mise de côté. Nous sommes ceux que nous attendions.
N’importe lequel fermier vous dira après avoir passé un dur moment, que les choses iront bien mieux l’année suivante. Mais ils n’attendent pas l’année suivante, il la prépare. C’est Papa qui me l’a enseigné. Et sa vie me l’a prouvé. Et c’est pourquoi je suis Vert.
David Coon est chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick et député de Fredericton-Sud.