Cessons de rêver aux pipelines
Frank McKenna et David Alward vantent les mérites d'un pipeline transportant le bitume des sables albertains vers le port de Saint-Jean comme si c'était la dernière trouvaille pour notre salut économique
Qui en profiterait? Ce sont les compagnies pétrolières voulant agrandir leur mine de sables bitumineux qui profiteraient le plus d'un pipeline, les banques qui financent ces compagnies en tireraient des avantages et le gouvernement de l'Alberta ramasserait les redevances. En effet, une fois le pipeline en place, il ne nous resterait que quelques emplois pour surveiller les fuites; nous conserverions les risques des déversements dans nos cours d'eau, et nous nous retrouverions avec une longue et étroite coupe à blanc de 400 km nécessaire pour faire passer le pipeline à travers le Nouveau-Brunswick. Et encore plus de Néobrunswickois chercheraient à l'ouest de gros chèques de paye pour travailler dans les nouvelles mines de sables bitumineux.
Le pipeline ne rendrait pas nos collectivités plus autonomes ni plus stables. Ce ne sera pas un pôle d'attraction pour de nouveaux emplois; mais plutôt une immense distraction des tâches à accomplir. Nous avons déjà deux pipelines qui transportent le gaz dans la province. Ni l'un ni l'autre n'ont créé notre salut économique. Le chômage est élevé, l'économie est stagnante et les gens quittent encore la province.
Peu importe la surchauffe rhétorique, continuer à nous offrir comme province de passage pour le profit des autres ne résoudra jamais nos problèmes économiques. Et si le pipeline était mis en place, cela laisserait la planète un peu plus amochée, avec une immense quantité de nouvelle pollution au carbone que l'expansion des sables bitumineux produirait. L'impact environnemental de ce pipeline serait comme la construction de six nouvelles centrales électriques au charbon ou comme l'introduction de 4,5 millions de nouvelles automobiles sur nos routes. Dans une époque de changements climatiques galopants, c'est tout simplement contre indiqué.
Le bitume transporté par le pipeline n'est même pas d'une utilité directe à la raffinerie de Saint-Jean parce que celui-ci doit être transformé en pétrole brut synthétique avant d'être raffiné, une opération à la fois très couteuse et très polluante.
Il est clair que l'économie du Nouveau-Brunswick ne fonctionne plus de la même façon et que nous ne profiterons plus des taux de croissance du passé. Nous avons besoin de faire quelque chose de différent pour profiter à nos familles et à nos collectivités.
Une grande partie de ce que nous achetons provient de l'extérieur de la province. La plus grande partie de l'argent de nos banques, de nos REER, de nos pensions et de nos contrats d'assurance est investie à l'extérieur de la province. Pour bâtir une nouvelle économie qui permet des moyens de subsistance décents pour tous, nous avons besoin de conserver notre argent chez nous.
Dépenser notre argent sur de la nourriture produite ici, crée des emplois. Dépenser de l'argent sur de la nourriture transformée ici, crée des emplois. Chauffer nos maisons avec des technologies produites ici avec des pastilles de bois locales, avec du bois de chauffage, avec de l'énergie géothermique et avec le soleil, crée des emplois ici. Dépenser de l'argent sur la musique, la littérature et le théâtre d'ici produit aussi des emplois. Garder les touristes ici pour introduire de l'argent dans les collectivités locales crée des emplois.
Et c'est la même chose avec les investissements. Pourquoi devrions-nous utiliser notre argent pour investir ailleurs afin qu'elle profite à d'autres? Nous avons besoin d'un Fonds d'investissement en développement économique communautaire pour que notre argent travaille pour les Néobrunswickois, pour développer nos collectivités et créer des occasions pour nos familles. Nous avons besoin de créer des Centres d'innovation sociale ou nos jeunes pourraient se rencontrer afin de poursuivre leurs idées, d'appliquer leur ingénuité, de travailler, d'établir des réseaux et d'innover dans un espace partagé au cœur de nos collectivités.
Il est temps d'arrêter de rechercher un salut économique à l'extérieur de notre province. Il est de beaucoup préférable de bâtir sur nos propres forces. Le Nouveau-Brunswick est une des rares places qui restent qui sont suffisamment petites et intactes pour entreprendre des projets différents. Notre province est petite et nous sommes différents. Appuyons-nous sur nos caractéristiques.
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