Nous sommes tous visés par les traités
par David Coon
Que nous soyons aborigènes ou allogènes, nous sommes visés par les traités. Bien que ceux d’entre nous qui ne sont pas membres d’une Première Nation ne se considèrent pas comme visés par les traités, mais nous le sommes pourtant. Le courage de la chef Theresa Spence et le mouvement « Idle No More » ont ouvert la porte pour que nous puissions nous tenir debout avec nos voisins aborigènes pour insister pour qu’Ottawa et Fredericton respectent nos traités.
Dans les Maritimes, des traités ont été signés entre les Premières nations et des représentants de la Couronne après de longues guerres sans issue. Aucune partie n’a conquis un territoire. Aucun territoire n’a été cédé. Au contraire, des traités de paix et d’amitié, comme on les appelait à l’époque, ont établi les conditions de coexistence pacifique qui reconnaissaient les Premières nations comme peuples souverains avec les droits gagner leur vie avec les ressources fournit par la terre et l’eau garantit aujourd’hui dans la constitution canadienne.
Les peuples Malécites, Passamaquoddy et Mi’kmaq, connu collectivement comme peuple Wabanaki, possèdent un statut légal unique en tant que premiers habitants de notre région. Que nous le réalisions ou pas, nous sommes en partie définis par ces traités; en effet, ceux-ci affirment les droits et les responsabilités de tous les signataires. Le problème est que depuis, les gouvernements fédéral et provincial n’ont pas respecté ces traités et ne reconnaissent pas la souveraineté des Premières nations.
Devant cette situation, à plusieurs reprises les Premières nations se sont présentées devant les tribunaux et leurs droits inscrits dans les traités ont été confirmés dans les lois canadiennes; pourtant nos leadeurs continuent de les ignorer. Et les gouvernements, y inclus le nôtre, ont même contesté les décisions des juges en faveur des Premières nations forçant ainsi la poursuite des procédures jusqu’en Cour suprême. Encore aujourd’hui, nos gouvernements persistent à agir comme si les traités n’existaient pas; il n’est donc pas surprenant que nos gouvernements n’aient fait aucun effort pour nous renseigner à leur sujet.
Pour la plupart d’entre nous, les relations personnelles avec les peuples aborigènes que plusieurs de nos ancêtres avaient développées au moment de leur installation dans cette région n’existent plus depuis longtemps. Cette situation est à l’origine du racisme qui s’est enraciné dans notre société et qui a permis à nos gouvernements de simplement ignorer les traités tout en poursuivant d’horribles politiques d’assimilation comme celles qui ont été suivies dans les écoles résidentielles. Pendant ce temps, les ressources naturelles dont on parle dans les traités ont continué à être pillées et à polluer notre environnement.
Et puis Harper est arrivé avec son deuxième projet de loi omnibus C-45, une autre loi concernant tout ce qu’il ne voulait pas discuter au Parlement. Seulement, cette fois, ses efforts incessants pour démanteler les lois protégeant l’environnement, pour se débarrasser des lois qui régissent le droit de voyager sur nos cours d’eau et nos lacs et pour sabrer les lois relatives aux affaires des aborigènes ont dépassé toutes les bornes.
La chef Theresa Spence a commencé sa grève de la faim sur une petite ile située sur la rivière des Outaouais avec vue sur la colline parlementaire. Ce fut le point d’origine du mouvement « Idle No More. » Ce sont des femmes aborigènes qui ont pris la direction de ce mouvement et elles nous invitent à devenir leurs alliés. La population canadienne est d’accord. Assez, c’est assez et il faut cesser de tourner en rond. La plupart des gens de bonne foi réalisent que pour vivre véritablement en paix dans l’amitié avec les Premières nations nous devons établir de nouvelles relations et nous devons cesser de détruire la Terre qui nous permet de vivre.
Stephen Harper a mis le feu aux poudres avec son projet de loi C-45. Les Premières nations ont répondu avec des actions pacifiques stimulées par l’action désintéressée de la chef Theresa Spence. On nous demande maintenant d’exprimer notre opinion.
En tant que chef du Parti vert, j’appuie le mouvement « Idle No More ». Nous avons besoin d’un forum dans lequel les peuples aborigènes et allogènes du Nouveau-Brunswick puissent se rejoindre pour explorer comment les Traités de paix et d’amitié peuvent être respectés dans notre province.
Nous devons contribuer à la sécurité culturelle des peuples aborigènes en finançant des programmes d’immersion linguistique pour les enfants des Premières nations et nous devons aussi appuyer la formation d’enseignant en immersion linguistique pour offrir ces programmes. Par ailleurs, nous devons entreprendre de sérieuses consultations sur la gestion et l’utilisation des ressources naturelles et sur le partage des revenus de l’exploitation de ces ressources.
Nous avons besoin de toutes ces démarches, mais pour commencer nous avons besoin de respecter les Premières nations et de nous respecter nous-mêmes; comme leadeurs politiques, nous devons agir selon nos promesses.
Comme le primat de l’Église anglicane a écrit dans une lettre au premier ministre pour l’inciter à rencontrer la chef Spence : « Si nous n’utilisons pas l’ouverture que cette crise nous offre, il n’existe certainement pas d’avenir viable et moral pour le Canada. Nous serons tous avilis. »
David Coon est chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick
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